Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 11 avril 2014
Discriminations

L'Insee se penche sur les discriminations dans le logement social

C’est la première fois que la revue « Economique et statistique », publication bimestrielle de l’Insee qui offre un espace aux chercheurs pour y traiter des sujets de fond, consacre un numéro entier à la discrimination. Elle y est abordée sous toutes ses formes (discriminations ethniques, de genre, liée à un handicap…). L’un de ses articles, publié aujourd’hui, démontre que les ménages non-européens, essentiellement Africains ou originaires d’Afrique, attendent 40 % plus longtemps que les autres pour obtenir un logement social.
Ainsi, entre 2001 et 2006, 60 % des demandeurs d’origine européenne (surtout des Français) ont obtenu leur logement au cours des six premiers mois après le dépôt de la demande, contre 40 % pour les demandeurs non-européens. A l’inverse, seulement 12 % des demandeurs européens ont attendu plus de trois ans, contre 32 % des non-européens.
Cet écart pourrait s’expliquer par plusieurs raisons, selon les auteurs, trois chercheurs des universités de Poitiers, de Toulouse et de Tours : « les non-européens se situent peut-être sur des segments où l’offre de logement est plus faible et, par conséquent, la durée d’attente plus longue ». Ainsi, ils demandent en général des logements plus petits (moins de trois pièces à 51,4 %), en zone périurbaine, et surtout en région parisienne : 28,7 % des demandeurs non-européens cherchent un logement à Paris et dans les communes limitrophes, et 32,4 % dans le reste de l’agglomération. Les européens, eux, demandent surtout dans le reste de l’Ile-de-France et dans les grandes villes (à 50,4%) et sur le reste du territoire (29,9 %).
Autre raison évoquée par les chercheurs, « les ménages européens ont peut-être un réseau social et/ou de meilleurs informations leur permettant d’accéder plus rapidement à un logement social ». Enfin, les bailleurs sociaux « feraient, volontairement ou non, de la discrimination statistique en considérant que les ménages non-européens sont plus à risque que les ménages européens »  - les chercheurs citent le risque du non-paiement des loyers, les « modes de vie différents de celui des Européens », ainsi que les risques de dégradations et de violences.
Les « ménages non-européens »  pris en compte par l’étude sont à 85 % des Africains ou des Français dont au moins un des parents est né en Afrique, tandis que les « Européens »  sont surtout des Français dont les deux parents sont français (à 89 %). L’étude se base sur les chiffres de l’enquête Logement 2006 – la seule enquête en France traitant du logement des ménages, réalisée par l’Insee tous les cinq ans.

Télécharger l’étude de l’Insee sur la discrimination dans le logement social.

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